- COMPTE
- n. m.
Action de compter ou Résultat de cette action. Dénombrement, calcul opéré sur tel ou tel ensemble de choses. Il sait le compte de son argent. Faire le compte du linge qu’on donne à la blanchisseuse. Je vous ferai votre compte. Vous ne lui avez pas donné son compte. S’il fallait rappeler toutes ses folies, le compte en serait long. Inscrire régulièrement tous les jours le compte de ses recettes et de ses dépenses.
Monnaie de compte. Voyez MONNAIE.
Fam., Cela n’est pas de compte, Cela ne doit pas compter.
Compte rond, dans l’usage courant, désigne un Nombre composé de dizaines, de centaines ou de milliers sans fraction. Dix, vingt, trente, cent, deux cents, mille sont des comptes ronds. Vingt et un n’est pas un compte rond. Quand on compte par espèces, Compte rond se dit d’un Nombre de ces espèces sans fraction.
De compte fait, En comptant bien. De compte fait, ils étaient quarante-cinq. Il signifie figurément, Tout considéré. Il a de l’esprit, mais il en a dix fois moins, de compte fait, qu’il ne croit en avoir. On dit aussi dans le même sens, Tout compte fait. Malgré ses fautes, tout compte fait, il reste un grand homme.
Prov., Erreur n’est pas compte, ne fait pas compte, On est toujours reçu à revenir sur une erreur de calcul et, par extension, à revenir sur une erreur quelconque.
Donner son compte à un ouvrier, Lui payer ce qui lui est dû. Donner son compte à un domestique, Lui donner ce qui lui est dû en le renvoyant et, par extension, Le congédier.
Fig. et fam., Donner à quelqu’un son compte, Le traiter comme il le mérite. Il ne se prend qu’en mauvaise part.
De bon compte, En comptant bien, au moins, Sa terre lui rapporte, de bon compte, six mille francs par an.
Avoir à bon compte, faire bon compte, Avoir à bon marché. Il a eu cela à bon compte. Ce banquier vous fera tenir votre argent à meilleur compte qu’un autre. On dit de même Vivre à bon compte, Vivre à bon marché. C’est une ville où l’on vit à bon compte.
Fig., En être quitte, s’en tirer à bon compte, S’en tirer sans trop de dommage.
Fig. et fam., Trouver son compte, Trouver du profit, de l’avantage. Il m’a rendu service et il a trouvé son compte. N’offensez pas cet homme- là, vous n’y trouveriez pas votre compte.
Faire son compte signifie aussi Se proposer, ou S’attendre à, espérer que... Il fait son compte de partir demain. Il croyait que ses amis l’assisteraient, il faisait son compte là-dessus. Ne faites pas votre compte sur les promesses de cet homme-là. Ce tour a vieilli ; on dit plutôt Il compte partir demain. Il comptait que ses amis l’assisteraient. Ne comptez pas sur les promesses de cet homme-là.
être loin de compte, loin de son compte, Se tromper dans son raisonnement, dans son calcul, dans ses prétentions, dans ses espérances. Ils sont encore tous deux loin de compte, bien loin de compte, se dit de Deux personnes qui sont en traité, en marché de quelque chose, et qui ne peuvent tomber d’accord. Nous sommes loin de compte ensemble. Il est loin de compte avec moi.
Fig., à ce compte-là, Selon cette manière de voir, cette supposition, ce raisonnement. à ce compte-là, je vois qu’il n’a pas tort. On dit de même à votre compte, cela serait ainsi.
COMPTE signifie encore état ou autre écrit contenant l’énumération, le calcul, la supputation de ce qui a été reçu, dépensé, avancé ou fourni. Un article de compte. Le total d’un compte. Livre de compte. Tenir les comptes chez un marchand. Passer, mettre quelque chose en compte. Ne mettez pas cela dans le compte, sur le compte. Il a chargé ses comptes de cela. Mettre ses comptes en règle. Dresser un compte. Rendre un compte. Rendre ses comptes. Reddition de compte. Présenter, affirmer un compte. Voir, vérifier, examiner, recevoir, apurer un compte. Revoir un compte. Débattre un compte. Débats de compte. Vérification de compte. Valider un compte. Allouer les articles d’un compte. Arrêter un compte. Arrêté de compte. Régler un compte. Clore un compte. Le compte est clos. Solder un compte. Reliquat d’un compte. Reliquat de compte. Les locutions et les phrases suivantes appartiennent plus spécialement au langage du commerce et de la banque. Compte courant. Compte de profits et pertes. Débiter, créditer un compte. Balancer un compte. être en compte ouvert. Avoir un compte ouvert dans une banque.
Compte de retour, état des frais et intérêts occasionnés par le non-paiement d’un effet de commerce protesté.
Avoir une chose en compte, L’administrer, en disposer, à la charge d’en rendre compte à qui de droit.
Cour des Comptes, Cour supérieure établie pour examiner et juger les comptes de ceux qui ont manié les deniers de l’état. Elle a remplacé la Chambre des Comptes, qui avait les mêmes attributions. Président de la Cour des Comptes. Conseiller maître à la Cour des Comptes, ou Maître des comptes. Conseiller référendaire à la Cour des Comptes. Cela est passé, vérifié, enregistré à la Cour des Comptes. Un arrêt de la Cour des Comptes.
Prov., Les bons comptes font les bons amis.
Fig. et fam., être de bon compte, Ne pas chicaner. Soyez de bon compte, vous ne vous attendiez pas à cette aubaine. Je suis de bon compte, je reconnais qu’à votre place j’aurais eu moins de patience.
Fig. et fam., Son compte est bon, On lui fera un mauvais parti. On dit dans un sens analogue Son compte sera bientôt réglé.
Fig. et fam., Il en a pour son compte, il a son compte, se dit d’un Homme à qui il arrive quelque malheur ou quelque accident. On dit de même Il en a reçu, on lui en a donné pour son compte.
à compte. Voyez à COMPTE.
être de compte à demi avec quelqu’un, être en société d’intérêt avec quelqu’un, et partager par moitié les bénéfices et les pertes.
Cela est à son compte, au compte d’un tel, C’est à lui à le payer. Les étoffes qu’un tel prend seront à votre compte. Je prends cela à mon compte. La nourriture de ce cheval est à votre compte.
Laisser de la marchandise pour compte, La laisser au compte de l’expéditeur, refuser de la recevoir.
Pour le compte de quelqu’un, En vertu de la commission que l’on a reçue de lui. Vendre, négocier, acheter, etc., pour le compte de quelqu’un. On dit par opposition Vendre, négocier, etc., pour son propre compte, pour son compte particulier, pour son compte.
Pour le compte de quelqu’un, se dit encore figurément dans certaines phrases. Les applaudissements étaient pour son compte, et les sifflets pour celui de l’acteur, Les applaudissements étaient pour lui, et les sifflets pour l’acteur. Pour mon compte, Pour ce qui me regarde, quant à moi. Je n’ai, pour mon compte, rien à leur reprocher.
Fig., Sur le compte de quelqu’un, Sur ce qui le concerne. Il se dit surtout en parlant de la Conduite et des actions d’une personne. On m’a donné sur son compte des renseignements qui ne lui sont guère favorables. Elle fait beaucoup parler sur son compte. Il n’y a rien à dire sur son compte. Nous étions fort inquiets sur son compte. Fig., Mettre une histoire, un livre, une faute, etc., sur le compte de quelqu’un, Le donner pour en être l’auteur. Mettre une aventure, faire courir une histoire, etc., sur le compte de quelqu’un, Faire croire qu’elle lui est arrivée.
Fig., Prendre sur son compte, Se charger de quelque chose, s’en rendre responsable. Ne vous mettez point en peine de lui faire des excuses, je le prends sur mon compte. S’il arrive quelque chose de fâcheux, je le prends sur mon compte.
Fig., Passer sur le compte de, être attribué à. Ce qui était le fait d’une intention malveillante passa sur le compte de sa distraction.
Fig., Tenir compte à quelqu’un d’une chose, Lui en savoir gré. Je lui tiens compte de sa bonne volonté. Dieu nous tiendra compte des moindres actes de charité. On dit aussi familièrement Mettre, faire entrer en ligne de compte.
Fig., Faire compte, tenir compte de quelqu’un, de quelque chose, L’estimer, l’avoir en quelque considération. Il n’en fait pas grand compte. Il n’en tient pas grand compte. Il en fait peu de compte. Il ne fait, il ne tient aucun compte de ce qu’on lui dit.
Fig., Au bout du compte. Locution familière dont on se sert en terminant un discours, un raisonnement, et qui signifie Tout considéré, après tout. Au bout du compte, que m’en peut-il arriver? Au bout du compte, il n’est rien tel que de faire son devoir. On dit aussi dans le même sens En fin de compte.
COMPTE se dit figurément de l’Action de rapporter ce qu’on a fait, ce qu’on a vu, etc., et d’en rendre raison, de l’expliquer. Dans ce sens, il s’emploie ordinairement avec les verbes Rendre, devoir, demander. Je vous rendrai compte de cette affaire. Rendre compte d’un ouvrage dans un journal. Nous devons compte à Dieu de toutes nos actions. On nous demandera compte de nos actions. Le compte que Dieu doit nous demander au jour du Jugement. Je ne vous dois aucun compte de mes actions. Il ne doit compte à personne de son administration.
Se rendre compte de quelque chose, Se l’expliquer, s’en rendre raison. J’éprouvais un sentiment dont j’avais peine à me rendre compte.
Rendre bon compte de sa conduite, Faire connaître qu’on a tenu une conduite à laquelle il n’y a rien à reprendre. Je rendrai bon compte de votre conduite. Je ferai connaître exactement la conduite que vous avez tenue.
Fam. et par menace, Vous me rendrez bon compte d’une telle conduite, Je saurai bien vous en faire repentir.
Compte rendu, en termes d’Administration, Exposé ou relation de certains faits particuliers. Compte rendu de l’état des finances, de la statistique criminelle. Compte rendu des séances d’une assemblée législative, etc. On dit aussi Le compte rendu d’un procès, d’une pièce de théâtre, d’une séance académique. Compte rendu de fouilles archéologiques.
L'Academie francaise. 1935.